LA VIELLE A ROUE

Vielles Electroaccoustiques de Denis SIORAT

Nomade et flexible, la vielle à roue se métamorphose sans cesse depuis plus de mille ans. La surface libre de la roue - l’archet infini- s’est peu à peu couverte de cordes dont les fonctions s‘énoncent en termes imagés : « les chanterelles » d’abord (cordes mélodiques), puis « les bourdons » (pédales), « les trompettes » (bourdons rythmiques) et les « sympathiques » enfin (timbres de résonances).

Le rôle de ces registres a, par ailleurs, évolué avec le contexte. Essentielle pour les danses du Centre de la France, la corde trompette par exemple, disparaît dans la musique galicienne. Accent ponctuel dans l’interprétation baroque, elle gagne aujourd’hui une complète autonomie.

Cette diversité de points de vue enrichit le vocabulaire de l’instrument et conduit parfois l’invention jusqu’au détournement (pizzicati ou tapping sur les bourdons et les sympathiques, glissandi sur les chanterelles ou les trompettes, avant-arrière de la manivelle, percussions sur la poignée, la caisse ou le clavier…).

Loin d’être exhaustive, la liste reste ouverte, stimulée par le jeu des contraintes. La vielle à roue multiplie les masques pour ménager les effets de son petit théâtre.

Gilles Chabenat